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Comment faire face au réchauffement climatique ?

Comment faire face au réchauffement climatique ?

S’il y a quelques années encore certains vignerons restaient dubitatifs face au réchauffement climatique, aujourd’hui, toute la profession a pris conscience du phénomène et le changement climatique est désormais dans tous les esprits. Les vignobles et l’agriculture en général sont en premières lignes. Obligés de s’adapter, les vignerons posent les bases de nouvelles stratégies de travail.

Le réchauffement climatique dans les vignes

Changement climatique, réchauffement climatique, adaptation…, tous ces termes fleurissent dans les rapports, les congrès, les groupes de travail, les conférences, et toute la filière, des vignerons aux institutions, est désormais consciente du problème. Impossible de l’ignorer après les épisodes météorologiques extrêmes de ces dernières années qui ont détruit plusieurs récoltes et modifié significativement les caractères intrinsèques des vins. Vendanges précoces, degrés alcooliques élevés, diminution notable des acidités, inondations, orages, grêle, gelées printanières, sécheresses ont marqué les 3 derniers millésimes.

Diminuer les excès de chaleur sur les baies de raisin

Lorsque les températures sont trop élevées, les maturations sont bloquées. Les vignerons travaillent donc de plus en plus à l’échelle des ceps de vignes afin d’abaisser les températures des baies. Dans le sud de la France, les viticulteurs diminuent, voir suppriment l’effeuillage afin de protéger les raisins du soleil grâce au feuillage. En Bourgogne, où l’humidité est élevée, les vignerons préfèrent remonter la hauteur de rognage (opération qui consiste à tailler l’extrémité des serments).

Car  « réchauffement ne veut pas dire beau temps », souligne Ludivine Griveau, régisseur des Hospices de Beaunes en Bourgogne, lors d’une interview pour Bourgogne Aujourd’hui. En effet, la Bourgogne doit faire face à des températures plus élevées tout en gardant une importante humidité, augmentant de fait la pression parasitaire.

Lutter contre les périodes de sécheresse

La disponibilité de l’eau sera le grand défi des années à venir, conséquence brutale du changement climatique. Les épisodes pluvieux sont plus puissants et moins bien répartis sur  l’année. Ils engendrent souvent des dégâts et s’avèrent insuffisants face aux sécheresses estivales. Les vignerons se réapproprient des techniques culturales qui aident à mieux drainer les sols, limitent l’érosion et remplissent les nappes phréatiques.

L’enherbement dans les vignes est une thématique de plus en plus étudiée dans les centres de recherche et de plus en plus pratiquée par les vignerons.  L’enherbement permet de renforcer la biodiversité, de protéger les sols et de garder une certaine humidité à l’échelle des pieds de vignes. Dans le Languedoc, où la sécheresse est très forte l’été, le désherbage des inter-rangs évite la concurrence de l’herbe sur la vigne pour l’eau.

Vers une irrigation des vignobles ?

La question de l’irrigation de fait se pose de plus en plus dans les vignobles. Deviendra-t-elle un jour indispensable pour continuer la production de vins de qualité ? Ou les contraintes hydriques vont-elles rendre cette solution caduque avant même qu’elle ne soit réellement posée dans les débats ? En jetant un regard au-delà de nos frontières, force est de constater que l’irrigation, si elle a aidé le développement des vignes dans les provinces de Mendoza (Argentine) ou en Californie (Etats-Unis), elle ne résout pas le problème vitivinicole du réchauffement climatique dans ces régions, ni n’apporte de réponses au manque d’eau.

L’adaptation par le choix des cépages

Bien conscient de cette contradiction, l’IFV (Institut Français de la Vigne et du Vin) concentre ses recherches sur l’amélioration variétale et la sélection de porte-greffe afin de proposer aux viticulteurs des variétés avec une meilleure résistance hydrique. Les vignerons n’ont d’ailleurs pas attendus les résultats de ces recherches pour se pencher sur l’adaptation variétale de leurs parcelles, privilégiant des cépages plus économes en eau qui s’adaptent aux hausses de températures.

Limiter les degrés alcooliques des vins

Les derniers millésimes l’attestent : les degrés alcooliques s’élèvent, les acidités chutent et il n’est pas facile pour les œnologues de garder de bons équilibres. Un coup d’œil aux catalogues de produits œnologiques confirme la tendance. Des levures limitant la production d’alcool et/ou augmentant l’acidité dans les vins sont de plus en plus proposées comme solution aux vinificateurs. Les vignerons jouent également sur les durées de macérations pour équilibrer les vins, modifiant légèrement mais assez facilement les procédés œnologiques, comme l’explique Ludivine Griveau : « Une macération un peu plus longue avant que ça fermente en rouge, pour aller chercher le maximum d’arômes […] Par la suite, une fermentation alcoolique plus courte, l’alcool qui sort plus doucement, des tanins extraits plus soyeux ».

Le réchauffement climatique : une aubaine pour les vignobles du nord ?

C’est un couplet que l’on entend parfois : les vignobles se déplacent vers le nord, une aubaine pour certaines régions au dépend des sudistes. Le professeur Monika Christmann, directrice de l’Université de Geisenheim, en Allemagne, rapporte malgré tout que le réchauffement climatique, d’abord positif pour les vignes d’Allemagne, s’avère « maintenant être trop important ». De plus, « alors que les étés sont de plus en plus favorables aux vins, ils sont également de plus en plus chaotiques et les vignerons doivent faire face à des accidents climatiques ».

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